Ils étaient presque tous là excepté quelques uns. Les frères ennemis d’hier, qui militent dans la même formation politique ont décidé d’enterrer la hache de guerre pour mieux affronter les futures batailles électorales et éviter la défaite du parti présidentiel dans le département de M’Bagne.
La messe a été dite, au cours d’un rassemblement politique organisé pour la circonstance, par les cadres politiques de l’UPR, le vendredi, 01er Septembre 2011 au siège de l’UPR dans la capitale départementale (M’Bagne). Depuis 5mois 15 jours comme l’a dit, M. Bâ Silèye Sidi, l’un des principaux acteurs politiques du parti au pouvoir qui s’activaient pour obtenir cette réconciliation des frères ennemis d’il y’a quelques temps.
Les deux groupes politiques rivaux du même parti ont chacun de son côté, fait preuve de dépassement pour faciliter cette réconciliation.
La hache de guerre enterrée
Entre le vieux leader politique charismatique du département de M’Bagne, M. Bâ Bocar Soulé et un groupe de cadres politiques du gros village de M’Bagne (chef lieu de la Moughatat’a) dirigé par Diop Amadou El Hadj, l’ancien maire de la commune du même nom et comprenant l’actuel maire Sy Abdoulaye de Dawalel (dans une moindre mesure), Toulaye Sall (adjointe au maire de la commune de M’Bagne) et le professeur Seck Silèye entre autres, la rupture est intervenue durant la campagne présidentielle de 2009, lorsque l’ancien ministre a décidé de soutenir la candidature du Colonel Eli Mohamed Vall au détriment de celle de Mohamed O Abdel Aziz, l’actuel président.
Les divergences entre les deux groupes se sont accentués lors de la campagne d’adhésion lancée en Mars 2010. le vieux dinosaure politique ayant tourné la page de la présidentielle de 2009, avait rejoint la maison mère en force après avoir apporté son soutien au candidat de l’UPR, monsieur Sy Abdoulaye contre celui de l’UDP, M. Diop Abdoulaye dit Dièye lors des élections anticipés de Novembre 2009 consécutive à la destitution de Mamoudou Yéro Besse qui occupait le fauteuil municipal.
Les acteurs politiques issus des localités environnantes de M’bagne et des autres communes du département (Niabina, Edébaye Hijaj et Bagodine) ont fait le déplacement en masse pour participer au Meeting de réconciliation. Dans la loge officielle, on apercevait M. Diagne Ibrahima (président de la section départementale du parti), M. Bâ Bocar Soulé (membre du conseil national de l’UPR et Président du Conseil d’Administration de l’ANAIR), Colonel, Mangane Ousmane (responsable du bureau des Douanes Ville de Nouakchott), M. Diop Amadou El Hadj (ancien maire et ex-chargé de mission au MET), Diop Mamadou Ousmane (ancien Dg de la SOMIR), Niang Aîssata (responsable départemental des femmes de l’UPR) et Toulaye Sall (adjointe au maire).
Non loin de la loge officielle, on apercevait d’autres cadres comme M. Gaye Moussa, directeur de l’Etablissement National de Rénovation de Tantane, Diop Moussa Oumar Yali (ancien diplomate et actuel chef de service de la comptabilité centrale au ministère de la justice), Diop Alassane Abdarrahmane, homme d’affaires, Bâ Silèye Sidi (cadre à la SOCOGIM), docteur Hampaté Bâ (cadre au ministère de la santé), Sy Abdoulaye (le maire de M’Bagne), Bâ Aliou, Mangane Sidi Moye et Bâ Demba Hamadi (trois anciens maires), Thiam Ousmane, Bâ Mamadou Abdoul, Diallo Chérif, Maliyame Oumar Diallo, Malal Thiam, Baîla Dia entres autres.
Tous unis contre l’UDP
Après le mot de bienvenue du responsable de la section locale de l’UPR, M. Diagne Ibrahima à l’endroit de l’assistance et qui a d’emblée campé l’ordre du jour, à savoir la réconciliation des cadres scellés à Nouakchott, plusieurs orateurs ont pris la parole pour s’adresser aux participants. Diop Mamadou Ousmane, membre du "groupe de contact" chargé du suivi de la réconciliation a fait la chronologie des pourparlers entre les deux groupes politiques rivaux entamés à Nouakchott et ayant abouti à l’accord de réconciliation.
Pour l’ancien directeur technique de la Naftec, les cadres politiques du département puisent leurs idées à Nouakchott mais ils ne peuvent les concrétiser qu’au bercail, c'est-à-dire à M’Bagne. « Nous étions divisés, déchirés pendant des mois voire des années ; certains d’entre nous ne se parlaient plus depuis 2002 » a dit Diop Mamadou Ousmane avant de marteler « nous nous sommes retrouvés pour nous unir autour de l’essentiel dans la sincérité afin de consolider les rangs du parti pour le triomphe de l’UPR et le développement local ».
Il a également insisté sur le choix des candidatures à faire en affirmant qu’ils doivent obéir à des critères objectifs tels, la représentativité, la bonne moralité et l’engagement des candidats. Il a aussi mis en garde contre les ambitions démesurées et la multiplicité des candidatures au sein de l’UPR qui risquent de compromettre l’unité du parti et diminuer ses forces.
« L’homme qu’il faut à la place qu’il faut » est un slogan qu’il a longuement agité au cours du meeting avant de s’insurger contre tout parachutage de candidat. A sa suite, c’est le Colonel Mangane Ousmane qui a parlé à l’assistance. Son intervention était axée sur deux points essentiels : l’unité et l’élection prochaine. Saluant la réconciliation des cadres, le Colonel a exhorté les militants à s’inscrire massivement sur les listes électorales, indiquent au passage que l’inscription demeure la meilleure manière d’aider le candidat désigné par le parti.
Il a demandé aux structures du parti de s’organiser pour aider les citoyens qui n’en détiennent pas à acquérir des documents d’état civil. Le candidat déclaré à la candidature de l’UPR pour les élections législatives à M’Bagne a souhaité une réconciliation saine avant de scander le slogan : « gagner pour réaliser » à l’endroit du public comme s’il était en campagne électorale.
Comme pour conforter déjà cette impression, il sollicite des militants présents de « s’unir derrière le choix du parti » ! Quant à Ramatoulaye Sall dite Toulaye, la douce moitié de Yongane Alassane, elle a tenu des propos apaisants et demandé aux militants de faire preuve de dépassement, de s’unir et de respecter le choix du parti aux futures échéances électorales et de ne pas torpiller ce choix.
L’ancien maire, Diop Amadou El Hadj dit Yaya dont la candidature à la députation se murmure en bas par des proches sans que l’intéressé ne confirme, il a loué le rôle joué par son ami, Bâ Bocar Soulé dans la réconciliation entre les différents groupes politiques. « Bocar était parti mais il est revenu » a-t-il affirmé. Sitôt après, son intervention prend des relents électoralistes du genre « faire de bons choix pour gagner », ou encore «pas question de donner des mandats à des gens qui restent à Nouakchott ».
Bâ Silèye Sidi, comptable à la SOCOGIM et acteur politique qui s’est beaucoup impliqué dans cette réconciliation entre frères ennemis du département a fait savoir que l’unité retrouvée est saine et loin d’être fragile telle que le laisse pense certaines voix pessimistes. Gaye Moussa Yaya, jeune directeur de l’Etablissement National de Rénovation de Tantane a préféré garder le silence devant le public tout en réitérant son adhésion ainsi que son soutien à cette réconciliation.
Idem pour Moussa Oumar Yali Diop qui, d’ailleurs n’avait aucune possibilité de s’exprimer devant le public. La voix aphone, l’ex-comptable à l’ambassade de Mauritanie aux USA, ne pouvait s’aventurer à cet exercice. Son ami Aliou Thiofi né Alassane Abdarrahmane Diop a remercié chaleureusement l’ancien ministre Bâ Bocar Soulé qui dit-il demeure l’initiateur de cette réconciliation. Ces différentes interventions étaient ponctuées de temps à autre par les chants élogieux de Boudi Coumba Thédel, une célèbre griotte venue témoigner cette réconciliation.
Quand vint le tour du "Lion de Bagodine", le ton du discours change tout de même. Après des prières sur le prophète Mohamed (Psl), l’unité nationale est placé au cœur de l’intervention du PCA de l’ANAIR. Sans elle fait-il remarquer, point de paix civil ni de développement. Il a cité l’exemple des pays qui vivent le printemps arabe (Libye, Egypte, Tunisie, Yeme, Syrie). Le déficit démocratique, l’injustice, les inégalités sociales quand ils perdurent dans un état mènent droits un pays vers l’abîme dit l’ex-ministre.
Il a déploré la marginalisation et l’oubli des cadres de la Moughata’a de M’Bagne dans les promotions accordées par le gouvernement en précisant que seul le triomphe de l’UPR aux futures élections locales dans la Moughata’a de M’Bagne peut conduire l’Etat à réviser cette situation. La désunion des cadres et les déchirements ont favorisé cette situation selon lui. Les cadres du village de M’Bagne qu’il a cité un à un peuvent mobiliser l’électorat de la localité en faveur de l’UPR a martelé Bocar soulé. Il est revenu sur les raisons qui ont conduit le gouvernement à reporter les élections locales.
Le dialogue politique qui va s’engager prochainement entre la majorité et l’opposition sera l’occasion de passer en revue tous les dossiers politiques, économiques, sociaux, sécuritaires, code électoral, CENI, pour trouver des compromis entre le pouvoir et l’opposition dans l’intérêt du pays.
Avant de conclure, il a annoncé le ralliement à l’UPR de Mamadou Abdoul Bâ (ancien cadre à l’ASECNA) et de l’enseignant Abou Sy, ex-militant de l’AJD/MR à M’Bahé. « S’unir pour battre » dévient un credo agité désormais par le leader UPR de Bagodine et du département de M’Bagne.
Pas de voix discordantes Après le message de réconciliation délivré à la base par les cadres venus de Nouakchott, les militants se son exprimés à leur tour pour donner leurs points de vue sur la question. A l’unisson, les responsables des structures de base du parti, venus de N’Diawaldi, Bagodine, M’Botto, Niabina, Sorimalé, Wendinbg, Dabbé, Dawalel, Dabano, Feralla, Haîmedatt, Edebay Hijaj et autres ont formulé des prières pour que cette réconciliation se pérennise dans la durée. Les militants ont insisté sur le mot sincérité de cette réconciliation tout au long des interventions.
Absents
Impliqué d’amont en aval dans le processus de réconciliation engagé à l’initiative des cadres à Nouakchott, le sénateur du département, le Colonel à la retraite, Diop Abdoulaye était le grand absent de cet important rendez-vous des partisans de Mohamed O Abdel Aziz. Aucune voix ne s’est levée au cours du meeting pour justifier son absence. D’aucuns disent dans les coulisses qu’il ne serait pas très enthousiasmé par ce qui vient de se produire, lui et un groupe d’autres cadres militants du parti qui ont assisté aux conclaves de Nouakchott sur la réconciliation.
L’attitude du sénateur Diop Abdoulaye est incomprise par bon nombre de ses camarades politiques du même parti. Une absence qui tout de même ne passe guère inaperçue chez les siens qui le considèrent comme un sage et qui se réfèrent toujours à lui avant de décider sur des sujets qui intéressent la vie politique du département. L’autre grand absent à la rencontre de M’Bagne, c’est Bellou Bâ, l’un des opérateurs politiques de l’UPR à Niabina. Seulement, s’agissant de son absence, Bâ Bocar Soulé a apporté des justifications qui ont convaincu une bonne partie de l’assistance.
Mieux, a affirmé le PCA de l’ANAIR, Bellou Bâ a même versé sa contribution financière pour l’organisation du meeting de M’Bagne. Dans tous les cas, l’absence de certains cadres a semé le doute dans l’esprit des militants sur la sincérité réelle de cette réconciliation entre frères ennemis du même parti.
Et des efforts restent encore à faire. Maintenant, la réconciliation obtenue, il reste un autre défi qui n’est pas du tout simple à relever : c’est la reconquête de l’électorat du village de M’Bagne dont la grande majorité avait viré dans l’escarcelle de l’UDP sous la conduite de M. Diop Abdoulaye dit Dièye, inspecteur des finances à la banque centrale de Mauritanie.
Thièrno Souleymane
CP Brakna Quotidien de Nouakchott
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